Quand le "Petit Prince" s'envoyait en l'air
C’est le genre d’image cocasse dont le passionné que je suis raffole. Pourquoi ? Parce qu’elle sort des sentiers battus, n’appartient à aucun événement sportif particulier mais fait pourtant scintiller l’oeil de celui qui la contemple tout en piquant sa curiosité. Qu’est-ce que Gilles Villeneuve peut bien faire là ? Où et quand cette photo a-t-elle été prise ? Dans quel contexte ?
L’anecdote en question remonte au 22 novembre 1981, à peine plus d’un mois après la victoire de Nelson Piquet et Brabham dans le championnat du monde de Formule 1 conclu d’une bien drôle de manière sur un parking du Caesars Palace à Las Vegas.
Loin des paillettes de la Strip, nous retrouvons la Scuderia Ferrari et son pilote-vedette sur le tarmac de l’aérodrome militaire d’Istrana, situé à proximité de Trévise, dans le nord de l’Italie.
Le Canadien a été convié par le magazine spécialisé local Rombo pour un essai un peu particulier au volant de sa Ferrari 126 CK. Celle-là même, propulsée par un V6 turbo de 1,5 L pour 580 chevaux, qu’il a menée à des victoires mémorables dans les rues de Monaco et sur le tracé de Jarama.
Cette fois-ci, point de Ligier, Williams et autres Renault pour lui mener la vie dure mais bien un… F104 Starfighter de l’armée de l’air italienne pour un duel à haute vitesse sur une piste d’un kilomètre au départ arrêté.
La démonstration tourna à l’avantage du “Petit Prince” qui demanda même à ses mécaniciens de lui retirer l’aileron arrière pour diminuer la trainée et favoriser sa vitesse de pointe. Le jet dû quant à lui embarquer plus de lests que prévu et incliner ses volets par sécurité à cause d’un brouillard omniprésent.
Villeneuve n’était d’ailleurs pas le seul pilote de F1 présent ce jour là puisque le tout frais champion du monde Nelson Piquet, sur Brabham BT49, et Bruno Giacomelli, sur Alfa Romeo 179C/2, se frottèrent aussi au F104. Pour l’anecdote, c’est le pilote Ferrari qui signa le meilleur chrono des trois en 16”55 contre 17”45 pour le Brésilien et 17”75 à l’Italien.
L’histoire ne resta pas sans suite puisque les autorités de l’air italiennes décidèrent, sept ans plus tard, d’offrir l’avion en question à la Scuderia. Depuis lors, l’appareil, repeint en rouge Ferrari et portant le matricule 4-27 (le 4 pour la 4ème Stormo, le 27 pour Gilles) trône fièrement sur le circuit d’essai de Fiorano, non-loin de la ferme du légendaire Commendatore (ci-dessous).
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