Champagne !

Dan Gurney et A.J. Foyt remportaient au volant de leur Ford MK IV, les 24 Heures du Mans 1967, après avoir mené les débats dès la deuxième heure de course. Ils devenaient ainsi les premiers (et les seuls à ce jour) vainqueurs 100% américains – voiture, écurie et pilotes – de cette épreuve. Ferrari terminait en deuxième et troisième position.

Quand les deux pilotes furent appelés au balcon des vainqueurs, Gurney reçut le traditionnel magnum de champagne (photo ci-dessus). Il regarda vers le bas, aperçut le CEO de Ford Henri Ford II aux côtés du patron de l’écurie Carroll Shelby, mais aussi leurs femmes et les nombreux journalistes. Gurney se mit alors à secouer la bouteille et fit jaillir son contenu sur tout ce beau monde, démarrant ainsi une tradition qui allait faire le tour du monde. Personne ne l’avait fait avant lui.

Gurney se souvenait : “Ce que j’ai fait avec cette bouteille de champagne était totalement spontané. Je n’avais aucune idée que j’allais démarrer une tradition. Je n’y ai pas pensé car j’étais pris dans l’émotion du moment. C’était une de ces occasions uniques dans une existence où tout avait marché parfaitement… Je pensais que cette victoire chèrement acquise méritait quelque chose de spécial.”

“Dan a joué un rôle important dans cette victoire et je suis juste content d’avoir fait partie de son équipe. Il a aspergé Henri Ford II avec du champagne et je lui ai dit ‘man, tu es en train d’asperger le boss !’“ – ce sont les paroles d’A.J. Foyt qui partageait la victoire avec Dan Gurney.

“Nous étions là-haut en train de fêter, et tout le monde était là, y compris Mike Parkes de Ferrari et tous les gens de chez Ford,” se souvenait encore Gurney le jour où Ford fêtait les 50 ans de sa victoire au Mans avec Foyt.

Gurney concluait : “Henri Ford était une figure imposante et quand il te regardait en désapprouvant, tu avais intérêt à te faire tout petit. Il était présent avec sa nouvelle épouse, je pense, en voyage de noces, et quand j’ai commencé à l’asperger, je n’étais pas sûr s’il l’apprécierait ou pas, mais il était de bonne composition ce jour-là, et nous en avons bien profité, A.J et moi.”

“Dan était aussi heureux que moi”, ajoute Foyt, confirmant que c’était bien un acte spontané. “Maintenant, tous les pilotes de Formule 1 font la même chose, mais nous l’avons fait il y a 50 ans. C’était juste une superbe victoire, je pense, pour tous les deux.” Une belle tradition débutée par Dan Gurney et A.J. Foyt (photo ci-dessous) et perpétuée jusqu’à nos jours.