Jochen Mass se souvient de James Hunt

Jochen Mass, né le 30 septembre 1946, est un ancien pilote de course allemand. Il a remporté le Grand Prix d’Espagne 1975 et est monté huit fois sur un podium de Formule 1. Mass a aussi remporté les 24 Heures du Mans 1989, au volant d’une Sauber Mercedes C9.

Rivaux en Formule 3, Jochen Mass et James Hunt (photo ci-dessus) se sont forgé un lien fort pendant les deux années (1976-1977) où ils étaient ensemble chez McLaren. “Je connaissais James de notre période en Formule 3”, se souvient Jochen avec un sourire. “Nous faisions les quatre cents coups à Londres à cette époque, donc on se connaissait déjà très bien quand il a débarqué chez McLaren en 1976.”

“Vous vous en souvenez sûrement, il sortait tout le temps de la piste en F3, et je l’ai remplacé chez March, ce qui assez drôle quand on sait ce qui s’est passé ensuite quand il est arrivé chez McLaren, et qu’il a remporté le championnat du monde.”

Jochen Mass continue : “De toute façon, il était bien plus mûr à présent, et quand il arriva de chez Hesketh en ’76, il avait déjà remporté un Grand Prix. Il était un pilote bien plus solide, assez remarquable, en fait.”

Hunt prouve dès son arrivée chez McLaren, qu’il est plus rapide que Mass, qui l’admet sans difficulté : “Il est clair que tes performances sont jugées par rapport à celles de ton coéquipier,  il est ton cher ennemi, ton concurrent, donc s’il est plus vite dans la même voiture, tu n’as plus d’excuses.”

En 1976, il était également évident que Hunt bénéficiait du meilleur matériel. “Il avait toutes les compétences, et il était très rapide, sans l’ombre d’un doute,” dit Jochen. “À cette époque-là, les gens de chez Cosworth développaient sans relâche leurs moteurs, essayaient de nouvelles idées, et il n’y avait pas suffisamment de ces bons moteurs pour tout le monde. C’était comme cela dans tous les teams : Andretti et Scheckter avaient à leur disposition de meilleurs moteurs que leurs équipiers, et c’était la même chose chez McLaren.”

Jochen parle à présent du talent qui a porté Hunt au titre en 1976. “Il était un pilote magistral, et il faisait le meilleur usage de sa voiture, quelles que soient les circonstances. Il était très précis, très rapide et totalement concentré sur son boulot. James était un plaisir à observer, excellent dans la voiture, très courageux, moi j’étais probablement plus détendu.”

“Oui, je pouvais des fois être aussi rapide que lui”, sourit Jochen, “en particulier au Castellet et au Nürburgring, mais James était très concentré et très fort. Nous avions un respect mutuel. Ensemble nous avons fait plein de folies; beaucoup de filles. Je crois qu’il est resté un homme assez sauvage toute sa vie: il ne s’est jamais tout à fait calmé. Un caractère unique qui me manque.”