Morte-née

Morte-née

En 1968, cette belle monoplace aux lignes d’une pureté limpide, apparaît sur un trottoir de Dieppe, devant la concession Renault de Jean Rédélé, le constructeur des Alpine dont la Berlinette est alors très populaire ainsi que des monoplaces de F3 dominatrices à l’époque ou encore les prototypes alignés aux 24 Heures du Mans, régulièrement victorieux des classements à l’indice de performance.

Cette A350 de Formule 1, encouragée par Elf dont la compétition représentait le principal vecteur de communication, fut alors testée par le pilote d’essais maison Mauro Bianchi sur la piste Michelin (partenaire du projet avec des pneus radiaux) à Ladoux, puis à Zolder sous la pluie. La belle bleue s’avéra peu performante, trop lourde et au moteur 3 litres V8 Gordini manquant cruellement de puissance.

Engagée au Grand Prix de France à Rouen pour Mauro Bianchi (dont le frère Lucien courait alors en F1 sur Cooper), l’Alpine A350 déclara forfait au dernier moment après le véto sans appel exprimé par Renault, détenteur des droits sur le moteur Gordini, alors que la Régie sortait péniblement de la torride révolution de mai 68. 

Il fallut attendre 10 ans pour voir en piste l’Alpine A500, prototype des futures Renault F1 à moteur turbo, mais ce fut un chant du cygne balayé par le Losange, privilégié par les décideurs pour les débuts de la marque française en Grand Prix.