"Quand c'est ton jour"
Grand Prix de Monaco 1996, le jour de gloire d’Olivier Panis. Tous les pilotes rêvent de gagner un jour le Grand Prix de Monaco. Réussir ce challenge n’est pas facile, et certainement pas quand on est qualifié 14e sur 22, dans une voiture qui est certes saine, mais juste assez bonne pour se battre dans le milieu du peleton, pas plus.
Olivier Panis se souvient: “J’avais dit à ma femme, “je finis sur le podium aujourd’hui”, “Elle me répondait : “Oui, oui, je crois que tu es fou, tu pars 14e… à Monaco ! Je lui répondais : ‘Oui, mais il pleut, et tu ne sais jamais ce qui peut arriver !’ J’y croyais. Je m’étais convaincu que c’était possible.”
Même en sachant que la pluie s’intensifiait, personne ne considérait Ligier et Panis comme des candidats au podium, et certainement pas à la victoire. Même quand le Français était le plus rapide au warm-up, Michael Schumacher et Damon Hill, qui eux étaient en première ligne, étaient les favoris.
“Quand j’ai fait le meilleur temps du warm-up, les gens croyaient que je n’avais pas beaucoup d’essence à bord,” raconte Panis.
“Même Flavio (Briatore, qui avait racheté le team et engagé Panis) vint vers nous. ‘Combien de kilo’s d’essence aviez vous dans la voiture ?’ On lui dit le chiffre. Et lui : “Vous avez la bonne stratégie de consommation, c’est inimaginable !’
“Nous savions que nous avions la vitesse. Quand tu pars 14e à Monaco, tout peut arriver, tout est encore possible. Le samedi, en qualifications, j’ai eu un souci électronique, sinon nous serions parti dans le top 5. Mon ingénieur était tellement déçu, car il savait que nous étions rapides, et sentait que notre chance était passée. Je lui dit ‘t’inquiète pas mon pote, la course c’est demain, tout peut arriver.”
Il ne pleuvait plus, mais la piste était mouillée quand la course démarrait. Et pendant que certains touchaient les rails – comme Schumacher – d’autres étaient ralentis par des ennuis mécaniques – comme Berger – Panis avançait patiemment mais sûrement et dépassait sept voitures. “Nous étions compétitifs, je le sentais, la voiture était incroyable.”
Panis se retrouvait troisième, avec la Benetton de Jean Alesi et le leader Damon Hill à bonne distance. Mais le moteur de Hill cassait, et Alesi souffrait un bris de suspension et devait abandonner. Panis était en tête. “Je pouvais voir ma voiture en passant devant les écrans TV,” raconte le français.
“Et je pouvais sentir le support que j’avais. Je pensais – ne sors pas de la route ! J’ai eu quelques sueurs froides, c’est passé tout près. Mais je réussissais à garder la voiture sur la piste.”
Alors qu’il était en tête, les choses se compliquaient pour le Français quand à 10 tours de la fin on lui signifiait qu’il n’avait pas assez d’essence à bord pour finir la course. “Je savais que si je rentrais au stand pour ravitailler, la course serait perdue. Je refusais de rentrer et demandais de l’aide à mes ingénieurs.”
Je leur dit : “Dites moi quel temps je dois faire à chaque tour, et je roulerai en conséquence. Chaque tour, j’économisais de l’essence, je ne passais jamais la sixième, je ne poussais pas du tout. Je savais que David Coulthard me prenait en chasse, mais quand il se rapprochait, j’attaquais juste assez pour lui montrer qu’il n’avait aucune chance.”
“Je disais à Flavio et à mes gars : “si j’ai fait une erreur en ne rentrant pas, je prendrai toute la responsabilité et je dirai que j’ai été stupide, mais nous devons tenter le coup.”
“Mon ingénieur me disait exactement quoi faire, tour après tour. Tous les voyants sur mon tableau de bord étaient allumés. Je disais – ‘Non, ne me laisse pas tomber !’ Mais je sentais que je pouvais y arriver.”
“J’arrêtais la voiture au pied du podium, sans la moindre goute d’essence dans le réservoir, elle ne redémarrait plus. Quand c’est ton jour, c’est ton jour.”
Cette victoire était première victoire en Grand Prix d’Olivier Panis, et restera son seul triomphe. C’était une victoire d’autant plus spéciale qu’il est Français, vainqueur dans une voiture française, pour une écurie française, à Monaco. “C’était une course de fous, que je n’oublierai jamais, au grand jamais.”
nouveaux articles sur les sujets suivants: